Evelyne Sullerot : nouvelle marraine de SOS PAPA
Née le 10 octobre 1924 à Montrouge (Seine) et décédée le 31 mars 2017 à
Paris,
Déclaration de Evelyne SULLEROT à SOS PAPA Voilà que SOS Papa change de registre et agrandit son avenir. L'association est toujours au service des enfants et du respect de la fonction paternelle ; mais, en entrant dans l'UNAF comme organisation famiiale représentative, elle va participer un peu à l'élaboration de la politique familiale, et elle va veiller à la juste application du principe de coparentalité, nouvellement reconnu. En effet, ce qui change également les horizons et les actions de SOS Papa, ce sont ces lois récentes dont je retrace la genèse dans mon dernier livre "Pilule, Sexe, ADN, trois révolutions qui ont bouleversé la famille (Fayard, 2006). Il s'agit, d'une part, de la loi du 4 mars 2002 qui pose le principe de l'exercice en commun de l'autorité parentale par les deux parents, que ceux-ci soient mariés, pacsés, simples partenaires, ou séparés, ou divorcés. C'est une véritable révolution qui prend en compte l'existence et la réalité durable du couple parental, quels que soient les avatars du couple conjugal que forment les parents de l'enfant. Cette loi rompt avec l'habitude prise par les juges, après la loi de 1975 sur le divorce, de fabriquer, après les divorces et séparations, des petites familles tronquées dites "monoparentales", réunissant presque toujours les enfants et la mère, - le père devenant un parent de second ordre sans vraie responsabilité éducative, "condamné" à pension, même s'il n'a aucun tort, obligé de mutiler son amour paternel alors que le nouveau compagnon de la mère prend sa place. D'autre part, le 1er Juillet 2006 va s'appliquer l'ordonnance du 4 Juillet 2005 sur la filiation : à partir de cette date, la famille ne sera plus fondée sur le mariage comme elle le fut depuis le Code civil de 1804, mais sur le lien père/enfant et le lien mère/enfant, chacun établi séparément à la naissance de l'enfant. Après des années de familles "matricentrées", voilà que l'on rééquilibre les rôles parentaux. Le père pourra même reconnaître son enfant par anticipation, s'il craint que la mère ne le lui dérobe en accouchant sous X, - ainsi que vient de le reconnaître la Cour de Cassation. La révolution génétique connaît là ses premiers effets, et ce n'est pas fini. On cherchera toujours plus à faire coïncider la filiation juridique avec la filiation biologique. C'est, pour le père, une nouvelle ère qui commence, - celle de la vérité, du partage équitable et de la responsabilité. Donc, SOS Papa va aider les pères à gérer leur responsabilité privée, et aider l'Etat à gérer les aides et soutiens aux familles, responsabilité publique de première importance. Je serai heureuse et fière d'être à vos côtés dans cette nouvelle phase de votre vie associative, comme je l'ai été dans le passé, qui fut bien différent. Car, grâce à l'ADN, la révolution génétique,
que personne n'attendait, va, petit à petit, parvenir à redresser les lourds
déséquilibres entre mère et père qu'avait introduits la révolution contraceptive, -
ce torrent qui a succédé à la découverte de la pilule. Attendue, désirée, portée
par les femmes, la contraception, à partir de 1965, leur donne enfin le pouvoir de
maîtriser leur fécondité. Comment ne pas s'en réjouir pour elles, alors que tant
d'hommes se sont montrés depuis si longtemps tellement irresponsables envers elles ? Dans
les couples, rapidement, elles deviennent les décideuses des grossesses et des naissances
; plus nettement encore après que le droit leur fût reconnu d'avorter sans
l'autorisation du père de l'embryon. Elles continuent d'assumer le premier rôle dans
l'éducation des enfants, tout en assurant leur autonomie par le travail. Dans le domaine
de la famille, que tous concèdent aux femmes, le féminisme devient l'attitude à la mode
dans les médias, pour les psys, et pour les juges. D'où quinze années de "Garde à
la mère!" et d'éclipse de la paternité. Or, sur les talons de la révolution
contraceptive, les hommes ont cru pouvoir lancer, orchestrer, commercialiser une
révolution sexuelle. Celle-ci, envahissante, entêtante, n'a pas rendu aux hommes leur
dignité de pères, mais a fragilisé les couples ; aussi, de 1975 à 2005, on voit
augmenter sans cesse les séparations et divorces, dont une forte proportion (65%) avec
enfants. Tout au long de la révolution sexuelle, les enfants vont être confiés aux
mères, dans un climat très spécial : minimisation des effets sur les enfants de la
séparation de leurs parents, victimisation des "familles monoparentales",
criminalisation accrue des "agressions sexuelles", ignorance des souffrances des
pères. Quand j'ai publié en 1992 Quels pères ? Quels fils ?, premier livre sur la crise
de la paternité, j'ai reçu des centaines de lettres de pères séparés de leurs
enfants, j'ai été traitée de "traitresse" par les féministes, et Michel
Thizon, alors président de SOS Papa, m'a demandé mon patronage. Par la suite, j'ai été
de meetings en colloques, de diners-débats en émissions diverses. Les sociologues, les
juristes, les militants familiaux, les travailleurs sociaux qui connaissaient de longue
date mes travaux et mes actions en faveur des femmes ne comprenaient pas ce que je faisais
aux côtés de ces pères rebelles, "tous des brindezingues", me fut-il dit, des
machistes, des mauvais payeurs... Pourtant, depuis le temps du Planning, je n'avais pas
changé, pas cessé de poursuivre le même but : défendre le trio père/mère/enfant(s),
promouvoir la coparentalité même après les divorces, assurer le plein exercice de la
double parentalité dans l'intérêt des enfants. Penser d'abord aux enfants, et aux
conditions nécessaires à la cohésion sociale et à la transmission des valeurs. C'est
cette histoire, sous tous ses aspects, que je retrace dans Pilule, Sexe, ADN, trois
révolutions qui ont bouleversé la famille. Désormais, les choses ayant changé, l'ADN
confirmant l'importance de la paternité biologique, et, partant, confortant le référent
paternel, - SOS Papa n'aura plus besoin, ou beaucoup moins, d'être une association de
révoltés révélant les injustices, et jouera de plus en plus le rôle constructif et
fécond d'une association exemplaire revendiquant la responsabilité parentale dans
l'intérêt de tous. Ce sera un honneur pour moi de rester à vos côtés.
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